“actions” et “inactions” de “tuer des gens”.

Écrit par le 24 avril 2025

Hinamoeura Morgant-Cross a pris à partie le ministre de la Santé ce jeudi matin à l’assemblée de la Polynésie française sur la question du traitement des cancers au Fenua. Dans son intervention virulente, elle accuse le ministre et le gouvernement par leurs “actions” et “inactions” de “tuer des gens”.

On s’attendait à du “musclé” ce jeudi matin lors de la séance des questions orales au gouvernement, le public présent dans l’hémicycle a été servi. Alors que c’est la question du relèvement du point d’indice des catégorie D qui devait mettre le feu aux poudres, c’est finalement la question sur la santé et le suivi des cancers en Polynésie française qui a ouvert le concert des joutes verbales.

Dans le rôle des artilleurs, Cathy Puchon du Tapura, et Hinamoeura Morgant-Cross qui interrogeaient tour à tour le ministre de la Santé, Cédric Mercadal, sur les conventions liant le Fenua avec l’Institut Gustave Roussy à Villejuif, ainsi que l’état d’avancement de la construction de l’Institut du cancer et l’acquisition d’un cyclotron (appareil permettant de détecter les cellules cancéreuses minuscules).

Texte en main, Cédric Mercadal a répondu aux attaques sur le sujet, critiquant au passage “le ton et le fond” de la question de la représentante Tapura qui transformait son intervention en “procès politique, basé sur des approximations, des contre-vérités et un vocabulaire indigne de l’assemblée”. Toujours sa déclaration en main, derrière laquelle on sent poindre la plume de son directeur de cabinet, Anthony Pheu, le ministre répond alors froidement. “Accuser un ministre de laisser mourir des malades, sans fondement, et une violence politique injustifiable. Ça flirte avec le pénal.”

Revenant à la question, Cédric Mercadal s’est voulu rassurant sur les sujets évoqués. “À aucun moment la permanence des soins en cancérologie n’a été interrompue dans notre pays.” Concernant la convention avec l’institut français, le ministre assure que cette dernière “n’a jamais existé” : “La convention prévoyait que le CHU de Bordeaux organise et assure ses actions avec un financement de l’État.” Or, en l’absence d’actions planifiés par l’ancienne majorité, le CHU de Bordeaux “n’a jamais mis en œuvre cette prestation”, a expliqué le ministre. S’en est suivi une aide “bancale” où l’institut Roussy a pris le relais “sans cadre conventionnel”, et pour laquelle le Pays doit “à peu près 100 millions de francs”. Cédric Mercadal a annoncé être en discussion avec l’État pour la prise en charge partielle de la facture.

Enfin, au sujet de l’Institut du cancer en Polynésie, Cédric Mercadal a réitéré sa volonté de le voir ouvert “au second semestre 2025” avec un emplacement déjà dédié à l’installation du futur cyclotron.

La colère de Hinamoeura Morgant-Cross
Cette première salve de réponses du ministre de la Santé a fait “dégoupiller” la grenade Tavini, Hinamoeura Morgant-Cross. Cette dernière, habituée aux coups de sang au sein de la majorité bleue, a cru “s’étouffer” en écoutant le ministre : “Ce n’est pas un combat qui a une couleur politique. On voit les malades”, a-t-elle commencé en préambule de sa question orale qui portait, là aussi, sur la construction de l’Institut du cancer au Fenua. “J’irai même plus loin… Vos actions et vos inactions tuent des gens”, a-t-elle lancé alors que quelques minutes plus tôt, le ministre rappelait que ce genre de propos pouvait relever du pénal.

Pour appuyer ses propos, la représentante a continué dans les chiffres. “Il faudrait 4 000 PET scan pour la Polynésie française, il y a seulement une centaine d’évasans. (…) Les gens ont été très, très mal soignés.” Tout en s’emportant sur la convention, ou non convention, avec l’Institut Gustave Roussy, elle a rappelé au ministre que c’était lui qui avait rompu avec le centre Unicancer, et qu’il existait une convention avec l’ICPF. “Je sors de mes gonds quand j’entends ça”, a-t-elle poursuivi. “Vous nous faites une démonstration de ce que c’est que le pipeau.”

Sans sortir du texte de la réponse qui lui avait été préparée, Cédric Mercadal a rappelé que “la gravité du sujet mérite mieux que les procès d’intention. Elle mérite du sérieux, du respect et un travail collégial. (…) Il n’y a pas eu de rupture de soin, ni de rupture de chance pour les patients atteints du cancer grâce à notre personnel de santé. (…) Ce n’est pas une déclaration politique, c’est une déclaration clinique.” Et le ministre de conclure : “Je refuse de faire passer un gouvernement qui travaille pour un gouvernement qui abandonne.”

Toujours plus en marge de son propre groupe politique, Hinamoeura Morgant-Cross pourrait payer cette sortie du rang. Déjà punie par le retrait de sa présidence de commission à l’assemblée, l’année dernière après son coup de gueule contre Tony Géros sur une proposition de texte sur le nucléaire qu’elle présentait, le Tavini risque de réagir, en interne ou à l’assemblée, contre la représentante.

Interrogé sur la question jeudi en sortie de séance, le président du Pays, Moetai Brotherson a botté en touche. “Je gère le gouvernement, mes troupes, et Tony Géros gère les siennes. Ce n’est pas à moi de m’immiscer dans la gestion du groupe Tavini à l’assemblée.”


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